Grand Format
Introduction
Le 1er novembre 1954, la Société suisse de radiodiffusion (SSR) lançait officiellement la Télévision Suisse Romande (TSR). Il s’agissait alors d’un embryon expérimental, la télévision n’étant encore que peu connue du public. Au fil du temps, l’expérience s’est pérennisée, la TSR devenant petit à petit un média généraliste et indépendant doté d’un savoir-faire reconnu en Suisse et à l’étranger. Elle a traversé les époques, reflétant la vie des Romandes et des Romands tout en leur proposant un œil sur les autres régions du pays et sur le monde. Devenue RTS en 2010, son histoire est intimement liée à celle de ce coin du pays, qu’elle raconte et documente au quotidien.
Chapitre 1
1. Les premières expériences (1931-1954)Les premiers programmes télévisés ont été proposés dès 1931 par la British Broadcasting Corporation (BBC). En Suisse pourtant, ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que les autorités décident d’étudier de près le phénomène TV. Les pays voisins possèdent déjà des chaînes nationales et leurs émissions débordent en Suisse, ce qui est perçu comme un danger. Les autorités fédérales confient donc aux Postes, téléphones et télégraphes (PTT) et à la Société suisse de radiodiffusion (SSR) d’étudier le phénomène en vue de doter la Confédération de sa propre chaîne.
La SSR lance une première expérience de programmation temporaire à Zurich en 1951. L’opposition est massive de la part des milieux politiques et cinématographiques. Côté romand en revanche, l’idée d’une télévision nationale suscite un vif intérêt, en particulier à Genève et Lausanne qui accueilleraient volontiers un centre de production romand.
La SSR se partage entre Genève et Lausanne
En 1953, la SSR obtient les crédits lui permettant de proposer un programme régulier de télévision en allemand diffusé dans tout le pays à titre expérimental et durant quatre ans. La création d’un centre de production romand est initialement prévue en 1957 mais sous la pression de Genève et de Lausanne, elle est avancée à fin 1954. Reste à choisir l’une des deux villes pour l’accueillir. La SSR ne va trancher qu’à moitié, confiant à la première le studio fixe de production et à la seconde les cars de reportages. La Télévision Suisse Romande est ainsi lancée le 1er novembre 1954 depuis la villa Mon Repos à Genève.
Des émissions sont diffusées tous les jours de la semaine de 20h à 21h30, sauf le mardi qui est jour de relâche et le dimanche, qui doit rester sans télévision selon décision du Parlement. La télévision compte alors moins de mille abonnements en Suisse, en majorité des cafés-restaurants. Ils dépasseront le million en 1968.
Quelques dates clés
1939 Une démonstration de télévision est présentée au public lors de l’Exposition nationale à Zurich. Elle est organisée conjointement par la Société suisse de radiodiffusion (SSR) créée en 1931 et l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Une pièce de théâtre est retransmise sur un écran présent sur place.
1945 Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les PTT et la SSR s’intéressent de plus en plus à la télévision en observant son développement à l’étranger. Les pays voisins possèdent des télévisions nationales dont les émissions débordent en Suisse, ce qui inquiète les autorités fédérales.
1947 Lausanne organise une exhibition complète de télévision lors de son Comptoir suisse en septembre grâce à des régies mobiles de la Télévision française. L’année suivante, les autorités genevoises font leur propre démonstration via un émetteur installé sur la plateforme supérieure du téléphérique du Salève, toujours avec la Télévision française.
1951 Nouvelle expérience lausannoise, qui propose un programme régulier d’émissions trois soirs par semaine durant quatre mois. Des téléviseurs sont disposés dans différents lieux publics de la ville pour permettre à la population d’assister à l’expérience. A Zurich, la SSR organise des premiers essais pour la Suisse alémanique et la Suisse romande.
1953 La SSR obtient les crédits lui permettant de proposer, à titre expérimental et durant quatre ans, un programme régulier de télévision nationale. Parallèlement, une équipe de Radio Genève obtient le soutien de la Ville pour lancer une télévision genevoise. Les autorités mettent à la disposition de ce groupe la villa Mon Repos et finance l’achat d’un studio de production. La chaîne émet ses premiers programmes le 28 janvier 1954.
1954 La Télévision Suisse Romande est officiellement lancée le 1er novembre 1954 par la SSR, qui reprend le personnel et le studio de la Télévision genevoise. Les moyens de production mobiles, c’est-à-dire ses cars de reportage, sont en revanche attribués à Lausanne et parqués à La Sallaz.
Chapitre 2
2. La Télévision Suisse Romande se fait un nom (1954-1964)Le directeur général de la SSR Marcel Bezençon a nommé Frank Tappolet pour prendre la tête de la TSR naissante composée d’une quinzaine de personnes. Après quelques mois seulement, les 72 m2 du studio ne suffisent plus pour les projets d’émissions. Radio-Lausanne transforme alors un grand studio pour accueillir des productions télévisées telles que le premier jeu de la TSR, Echec et mat.A Genève, une salle de répétition de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR), située dans le bâtiment de Radio-Genève au boulevard Carl-Vogt, est transformée en grand studio TV de 400 m2. La TSR y emménage en juin 1955 et la villa Mon Repos est rendue à la Ville.
Dotée d’un studio TV professionnel, la TSR met en place une véritable grille TV avec des rendez-vous d’information, des documentaires, des émissions pour les jeunes, des variétés, des ballets et de la musique classique. On tourne également de nombreuses "dramatiques", ces pièces de théâtre créées spécifiquement ou adaptées pour la télévision. Depuis Lausanne, les cars de reportage sillonnent la Suisse romande, réalisant en direct des émissions documentaires, des captations de spectacles de scènes locales et les premiers reportages sportifs. Les cars seront transférés à Genève en 1960. Enfin dès ses débuts en novembre 1954, la TSR retransmet le téléjournal national. Il s'agit d'un "tout en images" fabriqué à Zurich avec un commentaire traduit dans les différentes langues nationales.
Au cours des années, la programmation s’enrichit. En 1959, est lancé le magazine de reportages Continents sans visa, ancêtre de Temps présent, puis l’émission Carrefour, pour laquelle est créé un premier réseau de correspondants cantonaux.
Quelques dates clés
1955 La TSR déménage de la Villa Mon Repos à Genève aux locaux de répétition de l'OSR au boulevard Carl-Vogt, où un studio TV de 400 m2 est aménagé par les PTT en un temps record.
>> À voir: Les coulisses de la télévision
1956 Le premier Grand Prix de l’Eurovision de la Chanson se dispute à Lugano. Il est remporté par la chanteuse romande Lys Assia avec son titre Refrains.
1959 Lancement du magazine de grands reportages Continents sans visa, ancêtre de Temps présent. L’émission est pilotée par Alexandre Burger.
>> À voir: Octobre atlantique
1960 Le 5 juillet, la Société suisse de radiodiffusion (SSR) est officiellement rebaptisée Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR). Les cars de reportages de la TSR, basés à La Sallaz depuis 1954, sont rapatriés à Genève, au grand dam d’une partie de son personnel vaudois. La même année, la première descente du Lauberhorn est retransmise en direct.
>> À voir: Lauberhorn 1960
1961 Lancement de Carrefour, émission d’actualités régionales, pour laquelle René Schenker crée un réseau de correspondants locaux avec l’aide des cantons.
1962 La TSR lance le magazine Madame TV, présenté par Claude Evelyne jusqu’en 1971.
>> À voir: Madame TV
1963 La SSR organise les premiers débats télévisés avec des membres des partis politiques en vue des élections fédérales. Ces émissions suscitent peu d’intérêt. A Genève, Jean-Jacques Lagrange réalise le premier long métrage filmé de la TSR, Le doute.
>> À voir: Le Doute de William Irish
1964 Apparition de la télévision dans la nouvelle concession accordée à la SSR par le Conseil fédéral. La SSR adapte ses statuts.
Chapitre 3
3. La phase de modernisation (1964-1974)L’exposition nationale de 1964 qui se déroule à Lausanne est un magnifique terrain d’exercice pour la TSR qui fête ses dix ans d’existence. A Vidy, elle dresse un écran géant sur lequel apparaît le public en visite. La télévision n’est pas encore un média de masse en raison de son prix, mais cet état ne va pas durer. En 1965, la Suisse compte 500'000 postes de télévision. Le million sera dépassé dès 1968.
L’émission de débat politique Table ouverte est lancée en 1966, année où la TSR pose par ailleurs la première pierre de sa tour au quai Ernest-Ansermet. Cette dernière sera achevée en 1972.
Avec l’introduction en 1968 de la publicité à la télévision, la TSR dispose de nouveaux moyens pour développer son offre de programmes. La relâche du mardi est abandonnée et les projets gagnent en ambition. La TSR filme ainsi la première ascension du Cervin en direct en coproduction avec la BBC. A Berne, le premier studio de la SSR au Palais fédéral est inauguré. Côté divertissement, la TSR coproduit les Jeux sans frontières et Interneige dès 1965. La couleur est introduite en 1968. Les Romandes et les Romands sont cependant encore peu nombreux à être équipés de postes capables de la recevoir.
Les réalisateurs de la TSR, Claude Goretta, Michel Soutter, Alain Tanner, Jean-Louis Roy et Jean-Jacques Lagrange créent le groupe 5, à l’origine du "nouveau cinéma suisse" de la fin des années 60. Parallèlement des émissions qui marquent durablement l’identité de la TSR font leur apparition telles que Temps présent, créée par Alexandre Burger et Claude Torracinta en 1969, La Voix au chapitre, première émission littéraire présentée par Catherine Charbon dès 1971, Les Oiseaux de nuit de Bernard Pichon en 1973 ou encore Spécial cinéma en 1974 avec Christian Defaye puis sa femme Claudette Defaye.
Quelques dates clés
1965 Le Conseil fédéral approuve l’introduction de la publicité à la TV. Le premier spot est diffusé le 1er février. Grâce à cette manne financière supplémentaire, la TSR a les moyens de lancer de nouvelles émissions. Elle ne fait plus relâche le mardi. La même année, la TSR filme la première ascension du Cervin en direct.
>> À voir: La Télévision à l'assaut du Cervin et Première pub
1966 Le 7 juillet a lieu la pose de la première pierre de la future tour de la TSR, dont les travaux s’achèveront six ans plus tard. José Ribeaud présente le premier journal en direct et en français, toujours depuis Zurich. La TSR lance Table ouverte, à laquelle succèdera Droit de Cité en 1996 puis Infrarouge en 2004.
>> À voir: La construction de la Tour de la télévision
1968 Le 1er octobre 1968, la TSR adopte la couleur. La même année a lieu l’assassinat de Robert Kennedy à Los Angeles devant une caméra de Continents sans visa.Ce reportage signé André Gazut, Jean Dumur et Jean-Jacques Lagrange remporte un Emmy Award. C’est aussi en 1968 qu'est créé le Groupe 5, composé de cinq réalisateurs de la TSR: Jean-Jacques Lagrange, Claude Goretta, Alain Tanner, Michel Soutter et Jean-Louis Roy. Ce groupe participe à l’émergence du "nouveau cinéma suisse".
>> À voir: On a tué Bob Kennedy et Que la couleur soit!
1969 Première de Temps présent le 18 avril, avec Claude Torracinta. Le 21 juillet, Neil Armstrong effectue ses premiers pas sur la lune. Près d’un million de personnes en Suisse suivent ce premier alunissage en direct.
>> À voir: La TSR à la conquête de la Lune
1973 Première des Oiseaux de nuit, divertissement présenté par Bernard Pichon. De nombreuses stars de la chanson française vont s’y succéder telles que Barbara, Charles Aznavour, Léo Ferré, Juliette Gréco, Jean Ferrat ou encore Jean-Jacques Goldmann.
>> À voir: Les Oiseaux de nuit
1974 Christian Defaye lance Spécial cinéma. Avec sa femme Claudette et durant 23 ans, ils recevront les plus grands noms du cinéma. La même année, Johnny Hallyday chante pour les détenus du pénitencier de Bochuz. La TSR organise une émission spéciale et un débat dans la prison avec le chanteur et Raymond Devos.
>> À voir: Johnny Hallyday et Raymond Devos à Bochuz
Chapitre 4
4. Une TSR toujours plus romande (1975-1984)Installée de façon pérenne et dotée de moyens consolidés par les recettes publicitaires, la TSR peut développer de nouveaux programmes. De grandes émissions comme A bon entendeur, Tell Quell, La Course autour du monde ou encore Téléscope sont lancées. Côté divertissement, on assiste aux débuts d’Alain Morisod dans La Grande Roue, Studio 4 puis Trèfle d’or, émissions qu’il produit avec son compère animateur Christian Morin. Enfin pour les plus jeunes apparaissent Les Babibouchettes (1981-1999).
Le 1er janvier 1982 marque le premier téléjournal produit et diffusé depuis Genève. Jusqu’à cette date, le bulletin d’information proposé par la SSR était le même pour les trois régions linguistiques. Il s’agissait d’un "tout en images" fabriqué à Zurich avec un même texte traduit dans les trois langues nationales. Enfin l’année suivante est lancée Midi public (1984-1987) à l’heure du dîner. Thierry Masselot, Muriel Siki et Jean-Charles Simon notamment se succèdent à sa présentation.
En 1983, le télécontrôle est introduit en Suisse, permettant pour la première fois à la TSR de mesurer l’audience de ses programmes. Dès 1984, les programmes de la TSR sont reçus dans le monde entier grâce à la création de la chaîne par satellite TV5, dont la RTS est membre fondatrice.
Quelques dates clés
1976 Lancement du magazine A bon entendeur, présentée et produite par Catherine Wahli. La première émission est consacrée au prix des garages. Aujourd’hui encore, ABE figure parmi les émissions les plus suivies de la RTS.
>> À voir: La première d'ABE
1977 Débuts de Tell Quell (1977-1996), émission de reportages en Suisse. Les journalistes Jacques Pilet, Dominique von Burg, Dominique Huppi, Renato Burgy et Christophe Chaudet participent à sa production et à sa présentation. La même année, le spectacle de la Fête des Vignerons, réalisé par Jean Bovon, est retransmis en direct.
>> À voir: Un scrutin tendu
1978 Lancement de La Course autour du monde en collaboration avec France 2, RTL et Radio-Canada. Le feuilleton Heidi, produit par Telvetia (ancêtre du Pacte de l’audiovisuel SSR), triomphe sur les écrans du monde entier. Le comité central de la SSR accepte le principe d’une décentralisation du Téléjournal dans les régions.
>> À lire: La Course autour du Monde
1980 Alain Morisod produit ses premières variétés pour la TSR aux côtés de l’animateur et producteur Christian Morin. De 1980 à 1985, les deux compères produisent La Grand Roue, Studio 4 puis Trèfle d’or.
1981 Lancement du magazine scientifique Téléscope (1981-2001), présenté par Catherine Noyer. La TSR est alors la seule chaîne en Europe à proposer une émission de vulgarisation scientifique en prime time. Les Babibouchettes, émission culte pour les enfants, font leurs débuts le lundi 14 septembre. 3600 émissions sont produites jusqu’à 1999. La TSR engage par ailleurs son premier météorologue en la personne de Jean-Daniel Altheer. La météo devient dès l’année suivante un programme autonome.
>> À voir: Votre télévision et Les coulisses des Babibouchettes
1982 Le Téléjournal est pour la première fois produit et présenté depuis Genève. Jusque-là, une rédaction centrale à Zurich produisait les journaux d’actualité pour toutes les régions linguistiques dans trois des quatre langues nationales.
1983 Le réalisateur Yves Dalain imagine une émission de téléréalité sulfureuse, intitulée Au cœur du racisme. Durant une semaine, deux hommes d’origine africaine, deux autres d’origine arabe et un cinquième de religion juive cohabitent en huis clos avec trois hommes blancs racistes dans un chalet de la Vallée de Joux. L’émission, produite par Claude Torracinta, fera débat dans tout le pays et même au-delà, inspirant la téléréalité des années 2000. La même année, la SSR introduit le Telecontrol, qui permet pour la première fois de mesurer électroniquement l’audience de la télévision. Enfin, le Conseil fédéral octroie une concession au télétexte, diffusé en Suisse alémanique dès 1984, sur la TSR dès 1985 et en Suisse italienne dès 1986.
>> À voir: Au coeur du racisme et Au coeur du racisme
1984 Lancement de l’émission Midi public (1984-1987). Thierry Masselot, Muriel Siki, Jean-Charles Simon, Jean-Pierre Pastori et Eric Wagner se succèdent à la présentation de l’émission de la mi-journée qui allie information, divertissement et services. La même année est lancée la chaîne diffusée par satellite TV5, dont la TSR est membre fondatrice. Les émissions romandes sont désormais vues dans le monde entier.
Chapitre 5
5. De l’audace face à la concurrence (1985-1994)A la fin des années 1980, la TSR est soumise à une concurrencetoujours plus vive des chaînes françaises, publiques ou privées, mais aussi de la vidéo à domicile (VHS). La TSR doit diversifier ses programmes pour répondre aux attentes diverses du public et faire preuve de plus d’audace. C’est dans ce contexte que trois personnalités de Couleur 3, Alain Monnet, Lolita et Gérard Mermet débarquent à la TSR avec Carabine FM (1986-1992),une émission pour les jeunes adultes qui deviendra culte. Dans un registre plus sérieux, le magazine économique eCHo (1986-1991) est lancé la même année, de même que le rendez-vous culturel Viva (1987-1997) puis le TJ-Midi l’année suivante.
Une journaliste intègre les sports
Côté sportif, 1987 est une année faste pour le ski alpin suisse avec la retransmission par la TSR en mondiovision des Championnats du monde à Crans-Montana. C’est aussi en 1987 que la première femme journaliste est intégrée à la rédaction des Sports en la personne d’Anne-Marie Portolès, Elle sera rejointe l’année suivante par Isabelle Nussbaum.
Le premier épisode de la série américaine The Bold and the Beautiful, rebaptisée Top Models en Suisse est diffusé en 1988. La même année, Céline Dion remporte le concours Eurovision de la chanson pour la Suisse. La proximité reste toutefois de mise avec des émissions comme Carnotzet (1988-1992), Le fond de la corbeille (1989-2003) ou encore Passe-moi les jumelles dès 1993. La TSR lance aussi Vanille-fraise (1993-1994), émission "de culture générale consacrée à la sexualité".
La SSR lance par ailleurs une chaîne nationale multilingue dénommée S+. Elle est rebaptisée Suisse 4 deux ans plus tard. L’époque est aussi marquée par le 40e anniversaire de la TSR, qui confie à l’artiste Gérard Poussin le soin d’emballer sa tour de 17 étages.
Quelques dates clés
1985 Le Sommet de Genève, qui réunit Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, est couvert par cinq cars de reportage de la TSR, dont les images sont diffusées dans le monde entier. Les journalistes Claude Smadja et Gaston Nicole assurent un direct de plusieurs heures pour le public romand.La même année naît la chaîne à péage privée Téléciné Romandie, sur le modèle de Canal+ en France. La chaîne cryptée romande dépose son bilan fin 1993.
>> À voir: La rencontre
1986 Les animateurs de Couleur 3, Alain Monnet, Lolita et Gérard Mermet créent Carabine FM, avec les réalisateurs Gérard Louvin et Heikki Arekallio. L’émission est programmée jusqu’au printemps 1992. Lancement, aussi, du magazine éCHo produit par Marc Schindler, Dominique von Burg et Daniel Monnat. La même année, Guillaume Chenevière est nommé directeur de la TSR. Il succède à Jean Dumur, brusquement décédé.
>> À voir: Les Rita Mitsouko
1987 Lancement de l’émission culturelle Viva, à l’initiative de Claude Torracinta. Débuts aussi du TJ-Midi, qui succède à Midi Public. Anne-Marie Portolès entre à la rédaction des Sports. Elle est la première femme journaliste engagée par la rédaction. Isabelle Nussbaum la rejoint l’année suivante. Les Championnats du monde de ski alpin à Crans-Montana sont retransmis en mondiovision par la TSR. Dans la descente messieurs remportée par Peter Müller, quatre Suisses figurent aux quatre premières places. Maria Walliser et Michela Figini signent pour leur part un doublé dans la descente dames.
>> À voir: Il était une fois le TJ-Midi et Des championnats du monde en Suisse
1988 Céline Dion remporte le Grand Prix Eurovision de la Chanson pour la Suisse avec son titre Ne partez pas sans moi. Lancement de l’émission Carnotzet par Roger Delapraz avec Gaston Presset et de Dossiers justice, première émission judiciaire de la TSR produite par Thierry Masselot et l’avocat Charles Poncet.
>> À voir: Céline, l'arrangeur et l'Eurovision
1989 Première diffusion sur la TSR du meeting Athletissima. Création du Fond de la Corbeille par Lova Golovtchiner, Raoul Riesen et Jean-Charles. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, le Mur de Berlin s’effondre. Sur place, l’envoyé spécial de la TSR Pierre-François Chatton vit en direct l’événement.
>> À voir: Le Mur de Berlin vu par la TSR
1992 Record d’audience pour le Téléjournal du 6 décembre, soir du vote exprimé par le peuple suisse contre l’adhésion à l’Espace économique européen. C’est le fameux "dimanche noir" du conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz.
>> À voir: Un dimanche noir
1993 La quatrième chaîne TV de la SSR est lancée sous le nom de S Plus. Elle est rebaptisée Schweiz 4/Suisse 4/Svizzera 4/Svizra 4 en 1995. Objectif: compléter les programmes régionaux et héberger les retransmissions de sport. Elle est remplacée en Suisse romande par TSR 2 en 1997. Benoît Aymon, Pierre-Pascal Rossi et Claude Delieutraz créent le magazine Passe-moi les jumelles. La TSR lance aussi Vanille-Fraise, un jeu de "connaissances générales sur la sexualité", présenté par Maggy Correa puis par Maïtena Biraben, qui y fait ses premiers pas de présentatrice. Raymond Vouillamoz est nommé directeur des programmes la même année.
1994 Pour ses 40 ans, la TSR demande à Gérard Poussin de décorer la façade nord-est de la tour. La TSR décroche le record Guiness du plus grand emballage de façade au monde. L’opération portes ouvertes permet d’accueillir 30'000 personnes dans les studios.
>> À lire: 40-moi une histoire ! La quarantaine rugissante
Chapitre 6
6. Abondance télévisuelle, débuts du digital et Expo.02 (1995-2004)L’offre télévisée se démultiplie grâce à la technologie du câble au tournant du millénaire. "De dix chaînes reçues dix ans plus tôt, la Suisse romande câblée est passée à 30", relève le directeur des Programmes, Raymond Vouillamoz. Dès sa nomination en 1993, ce dernier va profondément remodeler la grille des programmes pour la rendre moins "élitiste" et mettre l’accent sur l’identité romande.
La couverture de l’actualité romande est renforcée par de nouveaux moyens pour les bureaux régionaux. En 1996, le magazine d'actualités Mise au point est créé. C’est aussi l’époque de Zig Zag Café et de divertissements produits par Nathalie Nath comme Ça colle et c’est piquant et 100% 2000. La TSR s’essaie par ailleurs au genre sitcom avec Bigoudi (1996-1999) puis Les Pique-Meurons (2000-2006).
Le lancement de TSR 2
En 1997 a lieu un tournant majeur avec le lancement de TSR 2. "Un programme sur deux canaux", résume le slogan. TSR 1 pour la programmation généraliste, TSR 2 pour les émissions thématiques et celles pour les enfants. La nouvelle chaîne diffuse aussi les retransmissions sportives en direct aux heures de grande écoute ainsi que des rediffusions.
L’an 2000 marque un premier virage numérique avec le lancement du site tsr.ch puis la numérisation complète des émissions d’actualité en 2001. La première émission "digital first" voit le jour en 2003 avec le magazine Nouvo. L’année suivante, la TSR lance sa première application pour mobiles, maTélé.
Pour Expo.02, un bateau baptisé Idée Suisse sillonne les Trois-Lacs durant six mois avec Jean-Philippe Rapp à la barre. L’époque est aussi marquée par le succès de la téléréalité. La TSR s’y essaye en restant très "service public" avec Le Mayen 1903 ou encore Y a pas pire conducteur en Suisse romande. La TSR lance aussi Infrarouge, qui succède à Droit de cité.
L’année 2004 marque aussi le début du chantier de désamiantage de la tour. Il va durer six ans, durant lesquels une partie du personnel est transférée dans des locaux loués aux Charmilles.
Quelques dates clés
1995 Lancement de Ça colle et c’est piquant (1995-1996), présentée par Maïtena Biraben. C’est l’époque des émissions déjantées de fin de soirée produites par Nathalie Nath, comme Ça cartonne avec Olivier Delaloye et 100% 2000.
1996 Jean-Philippe Rapp crée l’émission de la mi-journée Zig Zag Café, qui sera programmée jusqu’en décembre 2004. Débuts, aussi, du sitcom Bigoudi, de Droit de cité et du magazine Mise au point, qui figure toujours parmi les émissions les plus suivies de la RTS. Lors des Jeux olympiques d’Atlanta, la TSR réalise le record mondial de l’émission la plus longue sans interruption: 16 jours, 22 heures et 45 minutes. La même année apparaît en haut de l'écran une barre rouge pour les contenus jugés sensibles. Au Festival de Locarno enfin, le directeur général de la SSR Antonio Riva signe le Pacte de l’audiovisuel, qui relance la collaboration avec les productrices et producteurs indépendants de films et de documentaires.
1997 Le lancement de TSR 2, le 1er septembre, est célébré en grande pompe avec la collaboration du Cirque Knie, en présence du conseiller fédéral Moritz Leuenberger. Les nouveaux logos de la TSR, composés de dés, font leur première apparition. Le Tour de Romandie est diffusé pour la première fois en direct sur la TSR. Les rédactions de Moutier, de Neuchâtel, de Fribourg, de Genève, de Lausanne et de Sion sont étoffées et des journalistes-reporter d’image (JRI) sont formés pour tourner seuls des reportages.
1998 Alain Morisod lance Les coups de cœur, présentés par Jean-Marc Richard et Lolita Morena. Première retransmission par la TSR de la finale des combats de reines à Aproz. Bertrand Theubet signe la réalisation.
>> À voir: Arlette Zola et les Coups de coeur
1999 La SSR change de nom. Elle s’appelle désormais SRG SSR idée suisse. Cet ajout est abandonné en 2010. La même année, la TSR consacre plus de 50 heures de programmes à la Fête des Vignerons, mise en scène par François Rochaix.
2000 Lancement de tsr.ch, dont l’offre permet pour la première fois de s’affranchir des contraintes temporelles de la grille des programmes. Débuts aussi des Pique-Meurons (2000-2006), sitcom créée par Alain Monney et Gérard Mermet.
2001 Les émissions d’actualité sont entièrement numérisées avec la mise en service d’un centre intégré. Près de 250 collaboratrices et collaborateurs sont formés pour ce projet dirigé par Philippe Mottaz et Jean-Claude Chanel. La même année, Gilles Marchand est nommé directeur de la TSR, en remplacement de Guillaume Chenevière, parti à la retraite.
2002 Pour Expo.02, un bateau baptisé Idée suisse zigzague sur les trois lacs durant près de six mois avec Jean-Philippe Rapp comme capitaine. Plus de 250 collaboratrices et collaborateurs participent à la retransmission du spectacle d’ouverture. La même année, M6 ouvre des fenêtres publicitaires en Suisse.
>> À voir: Spectacle d'ouverture d'Expo.02
2003 Alinghi remporte la Coupe de l’America au terme d’une 5e régate suivie au milieu de la nuit par 100'000 personnes.
>> À voir: La victoire d'Alinghi
2003 Le Mayen 1903, produit par Béatrice Barton, évoque durant dix semaines la vie des paysans de montagne au début du XXe siècle. La série remporte un grand succès. Débuts, aussi, du magazine web first Nouvo. Enfin, SRG SSR idée suisse déploie la numérisation de la diffusion terrestre sans fil de la télévision (Digital Video Broadcasting, DVB-T).
2004 La TSR lance la rénovation de sa tour TV à Genève pour procéder à son désamiantage. Prévu sur six ans, il s’agit alors du plus grand chantier d’assainissement jamais connu en Suisse. La même année, Infrarouge succède à Droit de cité. La TSR lance par ailleurs sa première application pour mobiles, baptisée maTélé.
Chapitre 7
7. La RTS remplace la TSR (2005-2014)La décennie débute avec quelques polémiques, occasionnées par le lancement de l’émission de téléréalité Super Seniors qui ne fait pas l’unanimité, ou encore lors du passage à Infrarouge du conseiller fédéral Christoph Blocher, fâché par les carricatures de Mix & Remix diffusées dans l’émission. Elle marque aussi le lancement de Scènes de ménage, produit et présenté par Martina Chyba de 2005 à 2009 et de Toutes taxes comprises, présentée et produite par Patrick Fischer jusqu'en 2022.
La fusion de la TSR et de la RSR
Trois ans plus tard s’opère une révolution: la Télévision Suisse Romande (TSR) et la Radio Suisse Romande (RSR) fusionnent pour donner naissance à la Radio Télévision Suisse (RTS). Les équipes des deux médias se rapprochent et mutualisent certains moyens, en particulier dans les rédactions de l’actualité. C’est le début d’une nouvelle ère, durant laquelle le public consomme toujours plus de contenus en ligne au détriment de la radio et de la télévision. La RTS s’adapte à cette évolution en produisant plus de contenus digitaux, malgré la confirmation par le Conseil fédéral en 2012 de l’interdiction de la publicité en ligne.
Côté sportif, c’est la consécration. Chargée de réaliser la captation TV des épreuves de ski alpin lors des JO de Sotchi, la SSR remporte le prix de la meilleure production sportive des JOlors desIOC Olympic Golden Rings Award.
Quelques dates clés
2005 Lancement par Béatrice Barton de Super Seniors. Treize personnes âgées de 60 à 77 ans cohabitent durant deux mois dans un hôtel de Champéry pour créer une revue. L’émission suscite de vives critiques quant à son adéquation avec le mandat de service public. Début aussi Scènes de ménage, magazine de société produit et présenté par Martina Chyba jusqu'en 2009.
2006 Le passage de Christoph Blocher dans Infrarouge fait polémique. Le conseiller fédéral veut empêcher la diffusion de l’émission suite aux caricatures de Mix & Remix diffusées durant l’émission. Pour le 75e anniversaire de la SSR, une émission spéciale nationale baptisée 4 X Vive la Suisse est diffusée depuis Berne simultanément dans les quatre langues nationales.
2007 Lancement du magazine économique TTC présenté par Patrick Fischer, qui succède à Classe Eco. L’émission qui "parle de votre argent, mais aussi de celui des autres" est programmée jusqu’en 2022. Depuis janvier 2023, elle est remplacée par Basik.
2010 La Radio Suisse Romande (RSR) et la TSR fusionnent pour donner naissance à la Radio Télévision Suisse (RTS).La même année, les collaboratrices et collaborateurs genevois réintègrent la tour après six ans de travaux.
2012 Le Conseil fédéral maintient l’interdiction pour la SSR de diffuser de la publicité sur internet.La RTS renonce à ses speakerines, qui sont remplacées par une voix off. Lancement de la nouvelle identité graphique de la RTS, avec de nouveaux logos pour les chaînes RTS Un et RTS Deux, qui passent en haute définition pour l’occasion.
2014 La SSR remporte à Monaco les anneaux d'or des « IOC Olympic Golden Rings Awards » pour la meilleure production sportive des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi 2014.
Chapitre 8
8. De No Billag à 200 francs ça suffit! (2015-2024)Que retiendrons-nous dans vingt ou trente ans du devenir de la RTS au cours de cette dernière décennie? Sans doute qu’il est toujours plus difficile de distinguer télévision, radio et production digitale tant les médias se mélangent. On se souviendra aussi des échéances politiques décisives que la RTS et la SSR auront affrontées, de l’initiative No Billag refusée par le peuple en 2018 à l’initiative SSR: 200 francs ça suffit! sur lequel il ne s’est pas encore prononcé. On retiendra la crise COVID début 2020, avec une programmation RTS remaniée d’urgence et une majorité du personnel confinée du jour au lendemain durant des mois à domicile. Elle aura précédé une autre crise baptisée mondialement #metoo et qui frappe la RTS de plein fouet lorsque des cas de harcèlement et des comportements inacceptables en son sein sont révélés fin 2020.
La construction d'un nouveau bâtiment
Malgré les tumultes et les transformations, la RTS est allée de l’avant. Elle a posé la première pierre de son futur bâtiment multimédia à Ecublens, qui accueillera dès 2025 la moitié des 1800 membres de son personnel. Bien que confrontée à différents plans d’économies, elle a lancé de nouvelles émissions à succès comme 26 minutes puis 52 minutes, Basik ou encore Caravane FM. La RTS a beaucoup misé sur la production numérique, avec de sémillants exemples comme Tataki dont le succès ne se dément pas chez les jeunes.
Comment le bon vieux poste TV capable de réunir simultanément des centaines de milliers de personnes en Suisse romande résistera-t-il à la montée du numérique et de la consommation individualisée à la demande? La décennie à venir répondra sans doute à cette déjà vieille question.
Quelques dates clés
2015 Les animateurs de Couleur 3 Vincent Veillon et Vincent Kucholl débarquent sur RTS 1 avec leur émission satirique 26 minutes, inspirée de leur chronique radio 120 secondes. L’émission, dont le succès est immédiat, devient par la suite 120 minutes puis 52 minutes. La même année, le peuple suisse dit "oui" à la nouvelle Loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV). Les chaînes de la SSR seront désormais financées par une redevance indépendante de la possession d’un appareil.
2017 Gilles Marchand est nommé directeur général de la SSR. Pascal Crittin lui succède en tant que directeur de la RTS.
2018 Le peuple suisse rejette l'initiative No Billag à 71,6 %.
2019 Le conseil d’administration de la SSR approuve le déménagement du site lausannois de la RTS de La Sallaz à Ecublens et le regroupement des rédactions de l’actualité sur le nouveau site, qui comprendra également un grand studio pour le divertissement.
2020 Mi-mars, la vie en Suisse s’arrête en raison de la pandémie de coronavirus. Durant le semi-confinement, la RTS adapte ses programmes et développe en urgence de nouveaux formats dans tous les domaines. Les audiences TV et digitales atteignent des niveaux hors du commun. Fin octobre, des accusations de harcèlement et de comportements inacceptables sont révélées dans divers médias suisses, d'abord à la RTS puis à la RSI. Le Conseil d'administration de la SSR mandate des enquêtes indépendantes pour faire toute la lumière sur les cas et analyser les instruments et processus internes existants.
2023 Le 9 janvier, lancement de Basik, le nouveau magazine économique de la RTS qui succède à Toutes taxes comprises (TTC). Le 10 août de la même année, un comité bourgeois dépose l'initiative populaire "SSR: 200 francs, ça suffit!", qui vise à baisser la redevance média des ménages de 335 à 200 francs et exempter intégralement les entreprises du paiement de celle-ci. Le Conseil fédéral se prononce contre l'initiative et prévoit de réduire progressivement le montant de la redevance des ménages de 335 à 300 francs par an et à en exempter les plus petites entreprises.
2024 Susanne Wille est nommée directrice générale de la SSR. Elle est la première femme à la tête de l’entreprise. Elle prend ses fonctions au mois de novembre, succédant à Gilles Marchand.